Voici une chose intéressante que j'ai pu lire en faisant quelques recherches sur un site très bien, mais en anglais, sur les tortues:
http://www.tortoisetrust.org/articles/proto.htmlJe vous fais la traduction:
Généralités:
Chez les tortues, on détecte fréquemment des protozoaires flagellés et ciliés. Dans la plupart des cas, ils ne causent à leur hôte que peu ou pas de mal. De temps en temps, cependant, leur population atteint des proportions pathogènes et si cela se produit les conséquences peuvent être graves, allant d'une forte diarrhée causant une deshydratation (impliquant un risque de dommage rénal) à une sévère irritation de la parois intestinale et, dans les cas chroniques, à une perte complète de toute la flore digestive normale du tube digestif des tortues. Lorsque cela se produit, l'animal continue de se nourrir de son propre chef mais souffre cependant d'inanition puisque qu'il est dans l'incapacité de digérer et métaboliser la nourriture consommée.
Organismes flagellés:
Les organismes les plus couramment rencontrés sont les flagellés de l'ordre des Trichomonadida. Nous les avons recensés fréquemment chez Testudo graeca, Kinixys homeana, Kinixys belliana , Geochelone pardalis, Manouria (Geochelone) emys, Malacochersus tornieri, Testudo kleinmanni, Agrionemys horsfieldi, Geochelone elegans, Testudo marginata et Chelonoidis carbonaria. Bien que nous les avons vu chez Testudo hermanni ils ne semblent pas être aussi communs (ou pathogènes) comme ils peuvent l'être chez les T.graeca. Dans les collections d'individus captifs ils peuvent facilement atteindre des proportions épidémiques car ils se répandent extrêmement facilement lors de simples manipulations et si les règles d'hygiène sont insuffisantes. Les symptômes d'infections liées à des flagellés incluent un faible appétit, de la diarrhée, une deshydratation, et (dans les stades avancés) le passage de grandes quantités de nourriture non digérée. Un examen coproscopique révèlera au microscope de petits organismes très mobiles. Parfois plusieurs échantillons successifs sont nécessaires pour révéler la présence de ces organismes car il arrive que des individus infestés présentent occasionnellement des échantillons normaux. (Note de Mama: C'est comme pour tous les parasites, il y a une phase d'infestation, production d'oeufs ou dissémination, et une phase de développement où il arrive que les parasites ne sont pas visibles dans les selles (stade adulte, latent, etc...))
Les échantillons peuvent être préparés pour un examen microscopique selon différentes façons, mais le plus facile et le plus rapide est de faire une dilution avec examen direct (utile lorsque des échantillons d'urines doivent être examinés) et une suspension saline, plus appropriée pour de la matière fécale.
Un microscope à forte résolution n'est pas forcément nécessaire et de très bons résultats dans cette application peuvent être obtenus par des instruments de coût modestes.
Si un traitement est nécessaire on administre généralement par voie orale du Metronidazol ('Flagyl', May & Baker) en sondant la tortue. Nous avons trouvé que la suspension standard (Benzoylmetronidazole) peut induire des vômissements chez certaines espèces (principalementT.hermanni et Kinixys Spp. ceci à cause d'un problème de balance de pH). Nous suggérons de ce fait d'utiliser une suspension faite avec une tablette de ce produit dilué dans de l'eau stérile, aucun effet secondaire n'a été noté en administrant le médicament sous cette forme.
Différentes posologies ont été suggérées et testées avec plus ou moins le même succès. Jackson (1977) suggère une dose de 160mg/kg chaque 24 heures pendant 3 jours. Donaldson (1975) suggère une simple et grande dose de 275mg/Kg. Zwart (1987) suggère une dose de 25mg/Kg à donner chaque jour pendant 10 jours. Nous avons trouvé que toutes ces posologies sont efficaces dans la majorité des cas, avec une bonne réponse des cas persistant et récurrant avec une combinaison d'une grosse dose initiale (275mg/Kg) suivie de 4 jours à 160mg/Kg. Certaines précautions doivent être prises sachant les possibles effets bloquants neuromusculaires de doses massives excédant les 400mg au total. En prenant en compte cette éventualité les doses excessives doivent être évitées ou alors administrées avec la plus grande prudence. Il est certain que pour de très gros animaux comme une G.pardalis de 18kg, une dose de 400mg est complètement inefficace dans l'élimination de concentrations pathogènes de flagellés et de ce fait des dosages plus conséquents doivent être administrés pour les garder sous contrôle.
L'effet le plus grave d'une infection prolongée de flagellés en proportions pathogènes est la sévère dénaturation de la flore qui en résulte. Si laissé sans traitement la mort en résulte suite à la combinaison d'inanition, deshydratation et de dommages faits aux parois intestinales. Le traitement consiste dans les cas simples à un dosage oral d'un stabilisant métabolique tel que Vetrumex (Willows Francis Veterinary Ltd.) ou même des cultures vivantes de yaourt, comme pour les cures permettant de renaturer la flore intestinale après un traitement antibiotique. C'est généralement efficace dans les 6- 10 jours, les selles retrouvent leur aspect normal. De très sévères et chroniques cas requièrent par contre une approche différente. Un échantillon de fecès d'une autre tortue d'une même espèce doit être récoltée et méticuleusement analysé pour trouver une éventuelle présence d'organisme pathogène, diluée puis mis sous culture dans un milieu de culture adapté (Vetrumex est suggéré) pour quelques heures à 28°C.
Cette préparation doit être administrée via le tube digestif à la tortue affectée. Les bactéries vivantes qui y sont présentes vont repeupler le tube digestif, détruire celles qui ne constituent pas la flore normale de la tortue et rétablir sa digestion.
Parfois plusieurs essais sont nécessaires mais dans la majorité des cas, incluant les cas sévères, cette méthode a donné de très bons résultats. Le transit normal d'une tortue est étudié et mesuré sur 10 jours. Pour les tortues au tube digestif stérile une expérience peut être faite en 24 heures. Pour permettre aux bactéries vivantes et bénéfiques de s'installer on préconise de gaver la tortue avec des aliments riches en fibres, en cellulose - des extrudés pour herbivores (lapins) rehydratés avec de l'eau stérile donne un bon succès.
Il est très important de souligner le fait que les flagellés ne sont pas nécesssairement pathogènes et de ce fait ont même une action utile en aidant la digestion de la cellulose. La décision de dire si oui ou non un traitement est requis doit prendre en compte l'effet très invasif sur la flore intestinale du Metronidazole et le risque de dommages sur l'intestin. Il est souvent nécessaire de mener parallèlement un traitement de renaturation de la flore intestinale avec un probiotique. Dans la majorité des cas la flore intestinale se reforme d'elle-même mais dans les cas graves il faut réensemencer le tube digestif.
L'Hexamitose:
L'infection du système urinaire/rénal par l'organisme flagellé Hexamita parva présente de sérieux dangers. Les symptômes incluent l'évacuation d'une urine anormalement concentrée, souvent sentant fort l'ammoniaque. Dans les cas sévères les urines peuvent être teintées de sang. L'animal présente aussi des signes de deshydratation et boit de façon excessive. Dans les cas chroniques la tortue devient très faible et n'a plus de réactions musculaires si on stimule ses pattes arrières.
Cet état est extrêmement infectieux et les cas suspectés d'infection doivent être rapidement isolés et immédiatement amenés chez un vétérinaire. Si ce problème n'est pas traité, la tortue décède par une dégénération nécrotique des reins.
Nous avons rencontré plusieurs cas d'infections à Hexamita parva et il semble que ce soit surtout prévalent chez G.pardalis. Des échantillons d'urine de tortues infectées examinées au microscope révèle de grandes quantités de l'organisme, qui est beaucoup plus petit que les Trochomonadidae, typiquement mesurant 8.03um X 4.79um (Zwart & Truyens,1975). Le traitement recommandé consiste à administrer directement dans l'estomac du Ronidazole Duodegran, 10mg/Kg chaque jour pendant 10 jours, ou du Metronidazole (Flagyl) sur la même période à 25mg/Kg (Zwart,1987). Nous avons cependant noté une réponse plus rapide au Metronidazole si la première dose de la série était délivrée à 260mg/Kg et ensuite à la dose normale pour le reste du traitement. Des analyses d'urine fréquentes doivent être réalisées durant le traitement puis ensuite sur les semaines et mois à venir pour prévenir une rechute. Toute récurrence devra être traitée immédiatement.
Durant le traitement les dommages causés aux reins peuvent être réduits en administrant un agent "flushant" tel que la solution d'Hartmann, composée de lactate de sodium par voie orale à 5% du poids total par jour.(N.B: Cela aide aussi à limiter l'effet néphrotoxique de certains antibiotiques)
Balantidium:
Cet organisme qui est très gros, bouge lentement et est très facile à détecter au microscope est très fréquemment rencontré si bien que son rôle pathogène est encore très discuté. Chez les porcs, Balantidium coli a été relié à des formations d'abcès et une T.graeca testée positive avait un abcès à une patte avant. La relation claire de cause à effet entre la présence de ce protozoaire et l'abcès n'a cependant pas pu être établie. Nous avons observé des balantidium spp. chez T.hermanni, T.graeca, G.pardalis, M.tornieri et Kinixys homeana. On en retrouve aussi chez les Tortues Géantes des Galapagos. Paromomycin ('Humatin',Parke-Davis & Co.,West Germany) a prouvé son efficacité à la dose de 25mg/Kg répétée après 7 jours mais qui est très difficile à obtenir au Royaume Uni. Face au manque de sources fiables sur ce médicament, le Metronidazole a été employé selon la même posologie avec succès. Une simple dose de 269mg/kg a permis d'éradiquer définitivement cet organisme de tous les 17 sujets infectés sans effets secondaires.
Nyctotherus:
Ernst et Nichols (1974) ont rapporté la découverte d'un cilié chez G.carbonaria et G.elegans importés aux USA. Aucun autre cas n'a été reporté ici est on doute encore de sa pathogénicité.
Entamoeba invadens:
Nous avons retrouvé cet organisme chez les chéloniens bien que nous n'ayons pas de preuves avérées de son effet pathogène. Frank (1984) suggère que les chéloniens peuvent être des porteurs sains de cet organisme qui est extrêmement létal pour d'autres espèces. Ceci est une raison suffisante pour éviter la cohabitation de tortues avec d'autres espèces de reptiles tels que les lézards ou les serpents vu le grand potentiel d'échange de pathogènes. Les espèces palustres et aquatiques sont plus enclines à être porteuses de E.invadens.
Conclusions:
Les organismes protozoaires peuvent provoquer de grandes infestations dans les collections captives de tortues mais pas toutes sont pathogènes, spécialement concernant les Trichomonadidae.
Une bonne hygiène est la meilleure prévention et toutes les installations doivent être gardées scrupuleusement propres avec une attention accrue lors du nourrisage et des manipulations diverses. Les installations ayant hébergé des animaux atteints doivent être nettoyées avec du povidone iodée (bétadine) et une solution diluée de formaldéhyde.
Des traitements efficaces existent mais la détection et le traitement précoce est la clé d'un traitement réussi. Il est du devoir des éleveur de faire régulièrement des analyses d'urine et des coproscopies pour mettre en évidence de agents pathogènes le plus tôt possible si quelque chose est suspecté. Un retard de soins face à ces problèmes occasionne souvent des dommages permanents surtout lorsque les Hexamita sont en cause.
Note importante: Ces informations sont recensées uniquement par des éleveurs. Il est nécessaire et fortement conseillé de consulter un vétérinaire qualifié avec une bonne expérience des soins chez les reptiles. Les médicaments sont uniquement délivrés par des vétérinaires et ne doivent en aucun cas être administrés en automédication sous peine de causer la mort de la tortue traitée.