Tortue d'Hermann occidentaleNom latin:
Eurotestudo hermanni. Gmelin, 1789
RépartitionOn retrouve cette espèce proche des côtes de la Méditerranée du nord-est de l'Espagne, Baléares, sud-est de la France en passant par la Corse, Sardaigne, Sicile, jusqu'au nord-ouest de l'Italie.
Biotope naturelLa tortue d'Hermann occidentale affectionne les biotopes de type garrigue méditerranéenne rocailleuses laissés en friche et présentant quelques zones de maquis denses avec un fort ensoleillement. On la retrouve également dans les forêts clairsemées de chênes lièges.
DescriptionC'est une espèce de taille moyenne atteignant entre 13 à 20 cm à l'âge adulte, les mâles étant plus petits que les femelles. On distingue actuellement 2 principales sous espèces qu'on désigne comme morphotype corse ou varois. Elle présente une carapace avec une belle coloration jaune-or contrastée par des dessins noirs sur chaque écaille qui représentent souvent plus du 50% des écailles. Le plastron comporte 2 bandes noires longitudinales. La tortue d'Hermann possède une griffe cornée à l'extrêmité de la queue et ne possède pas d'écailles en forme d'éperons aux cuisses. La dernière écaille vertébrale présente très souvent un motif de forme très caractéristique appelé souvent "trou de serrure", "champignon" ou encore de "bouchon de champagne".
"
Bouchon de champagne",
supracaudale divisée et
griffe caudale chez une
E. hermanniOn distingue actuellement deux principales sous-espèces, liées aux morphotypes corse et varois.
Différences entre une femelle varoise (à gauche) et une femelle corse (à droite)
La sous-espèce
corse, de taille plus grande, que l'on retrouve comme son nom l'indique en Corse et particulièrement au sud de l'île. Les joues sont marquées de jaune et elle possède entre 4 à 5 griffes aux pattes avant. Le bord avant de la deuxième écaille vertébrale (V2) marque un arrondi qui l'avance sur la première écaille vertébrale (V1). Les gulaires sont souvent marquées de noir chez cette sous espèce corse.
Couple de tortues d'Hermann corses
Gros plan d'une femelle
E. hermanni corse avec joue jaune caractéristique et gulaires marquées de noir.
La sous espèce
varoise, plus petite que sa cousine corse et localisée dans le sud de la France (Var). La coloration de la tête est presque uniformément sombre et elle possède très souvent 5 griffes aux pattes avant. Le bord avant de la V2 est droit.
Couple de tortues d'Hermann varoises
Maintenance en captivitéLa tortue d'Hermann s'adapte parfaitement à une maintenance en extérieur dans toutes les régions de la France ainsi que dans les pays limitrophes. Un seul individu doit pouvoir bénéficier d'un enclos d'au minimum 10m2. Pour un couple il est préférable de voir grand et un minimum de 15m2 avec ajout de 5m2 supplémentaires pour tout nouvel arrivant est souhaitable. Comme les mâles sont en général très insistants envers les femelles, le sexe-ratio idéal dans un élevage est de 1:3 en faveur des femelles. Plus il y a d'espace et de cachettes à disposition, plus vos tortues se sentiront à l'aise. Tout enclos doit être exposé plein sud, sans être trop fortement ombragé par une végétation dense. On privilégiera les buissons bas de type méditerranéens (thym, romarin, lavande, cistes) ainsi que quelques petits arbustes (althéa, buis et petits résineux). Un point d'eau ainsi que de nombreuses cachettes sous forme de souches ou grottes sont indispensables. L'enclos doit aussi bénéficier de zones d'empierrement ou de rocailles pour que les tortues puissent se chauffer rapidement aux rayons du soleil et le sol doit être planté de nombreuses herbes et plantes sauvages comestibles (cf. section nourriture). Une cabane en bois ou abri suffisamment isolé leur permettra de se protéger du froid ou des intempéries. Les régions du nord opteront souvent pour une serre qui permettra aux tortues de se chauffer plus facilement ou d'hiberner sans risques de gel. Enfin, privilégier un maximum de relief dans l'enclos avec quelques buttes qui pourront notamment servir de zones de pontes aux femelles. L'hibernation de la tortue d'Hermann peut se faire in natura dans un abri rempli de feuilles mortes et/ou de paille sur un sol de terre battue retourné pour lui permettre de s'enterrer facilement à l'arrivée du froid ou en caisson d'hibernation en surveillant les T° comprises entre 3-7°C et une hygrométrie oscillant autour des 80%. Cette espèce hiberne en moyenne entre 4 à 5 mois. Les juvéniles sont à élever dans des enclos solidement grillagés contre les attaques de prédateurs jusqu'à ce qu'ils atteignent une taille minimale de 10 cm. Une partie de leur enclos devra être fortement ombragée et régulièrement arrosée surtout durant les fortes chaleurs de l'été.
La maintenance en intérieur n'est recommandée que pour les individus malades et en soins sous conseil vétérinaire. Les juvéniles élevés dans les régions du nord peuvent être rentrés en terrarium les premières années si les hivers sont particulièrement rudes mais doivent pouvoir hiberner un minimum de 2 mois dès leur premier hiver.
ReproductionTortue d'Hermann femelle
Tortue d'hermann mâle
Quelques semaines après la sortie d'hibernation, les mâles décuplent leur libido, assaillent les femelles pour s'accoupler et se battent entre eux affin de s'assurer d'avoir le plus grand nombre de femelles. Les femelles sont rarement consentantes et les mâles doivent s'armer de patience et de persévérance pour parvenir à leurs fins. La parade d'accouplement est relativement violente, les femelles se font mordre aux pattes avant et arrière jusqu'à ce qu'elles se positionnent correctement ou arrêtent de fuir. De ce fait tout éleveur doit pouvoir garantir suffisamment d'espace à ses animaux pour éviter des blessures autant chez les mâles que les femelles. Les femelles ont la particularité de posséder une "spermathèque", une sorte de poche qui leur permet de conserver la semence des mâles avec lesquels elles se sont accouplées durant quelques années. Comme les tortues sont plutôt solitaires, cette stratégie leur permet de féconder leurs oeufs sans qu'il y ait eu besoin d'un accouplement récent. 3 à 4 semaines après que la femelle se soit faite fécondée, celle-ci va s'activer dans l'enclos à la recherche d'une zone de ponte de préférence en pente légère et orientée au sud. Une fois décidées les femelles creusent avec leurs pattes arrières un trou à la forme d'un haricot d'une profondeur minimale égale à la longueur de leurs pattes. Les femelles pondent en moyenne 4 oeufs (entre 1 à 8 oeufs) en une seule ponte mais pondent souvent 2 à 3 fois par an en espaçant les pontes d'une vingtaine de jours. Les oeufs mesures entre 30 à 33 mm de long pour 22 à 25 mm de large et un poids oscillant entre 10 et 20g. Après une durée d'incubation fortement dépendante des T° extérieures, comprise entre 90 et 120 jours in natura, les petites tortues d'Hermann éclosent et se hissent hors du nid. Les bébés mesures entre 26 et 37 mm de long pour une largeur de 27 à 35 mm et un poids compris entre 7 et 15 g. Les nouveau-nés se précipitent ensuite pour aller se cacher dans la végétation où elles resteront très discrètes jusqu'à ce qu'elles aient atteint une taille et un poids suffisant, les rendant moins vulnérables face à leurs nombreux prédateurs.
Tortue d'Hermann en train de pondre
Comparatif de taille et de forme entre un oeuf d'
Agrionemys horsfieldii et d'
Eurotestudo hermanniNouveau-né
E. hermanni (quadrillage 1cm2)
Risques d'hybridationToutes les tortues dites "d'Hermann" (
E. hermanni, E. boettgeri et
E. hercegovinensis) peuvent s'hybrider entre elles et il est donc recommandé de ne pas maintenir des couples de ces espèces ensemble. Des cas d'hybridation avec la tortue des steppes (
A. horsfieldii) semblent avoir eu lieu en captivité. Comme toujours il est préconisé de maintenir les spécimens de différentes espèces dans des enclos séparés et ce également à cause de nombreux risques sanitaires.
Maladies communesLa tortue d'Hermann est une espèce relativement robuste et mis à part les problèmes que pourraient causer un fort taux de parasitisme aucune maladie ne leur est spécifique. Il faut éviter de les mettre en présence d'autres espèces car elles sont particulièrement vulnérables au virus de l'herpès (cf. section pathologies) et en décèdent très rapidement.
Législation et mesures de protectionEn France maintenir cette espèce en captivité pour un maximum de 6 tortues adultes nécessite une Autorisation d'Elevage d'Agrément (AEA) délivrée par la Direction Des Services Vétérinaires (DDSV) de votre département. Au-delà de 6 tortues adultes il vous sera demandé de passer un Certificat de Capacité (CDC). Son statut d'espèce menacée et en voie d'extinction en France rend son prélèvement et sa vente interdite. Les cas d'infractions sont sévèrement puni.
La tortue d'Hermann a été beaucoup ramassée et exportée, jusqu’en 1976, année où elle a fait l’objet de mesure de protection. Comme la majorité des espèces de cheloniens à travers le monde les tortues d'Hermann souffrent aujourd’hui de l’urbanisation, destruction de leur habitat, ramassages et incendies qui touchent régulièrement les régions méditerranéennes. Une association la SOPTOM, créée en 1986 à la suite des travaux de D Stubbs, a mis en route, en 1987 un « programme de sauvetage de la tortue d’Hermann en France » et a ouvert en 1988 un « village des tortues » à Gonfaron (Var).
En Suisse cette tortue ne demande pas d'autorisation de détention. Il est cependant obligatoire de respecter les besoins spécifiques de l'espèce, dans le cas contraire les animaux peuvent être saisis sous motif de maltraitance par les services vétérinaires.
La tortue d'Hermann occidentale figure dans l'Annexe 2 de la Convention de Washington et dans l'Annexe A de la Réglementation Européenne.[center]