Protéger la nature pour en profiterDébusquer les braconniers, pourchasser les quads au bord de l'Allier, mais aussi être au chevet des espèces protégées. L'Office de la chasse et de la faune sauvage sort du bois dans le département.
Ça l'agace qu'on appelle la douzaine d'agents départementaux de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) des « gardes-chasses » : « Depuis 1991 nous sommes des "techniciens et agents techniques de l'environnement". "Gardes-chasses", c'est pour les propriétés privées ou associations. Nous, nous sommes compétents aussi bien sur le domaine public que privé pour faire respecter la police de l'environnement, comme pour mener des études sur la faune et la flore ». Christian Benoît est à la tête de onze agents dans l'Allier, mobilisables sept jours sur sept, nuit et jour.
Combien d'infractions ou délits relevez-vous chaque année ?
Nous avons transmis quarante-cinq procédures aux autorités judiciaires en 2010. Défauts de permis de chasser, non-respects de plans de chasse, atteintes aux espèces protégées, détentions d'animaux sauvages comme
des tortues ou des chevreuils, etc. Mais notre mission est aussi de mieux connaître la faune et son habitat. Pour observer son évolution ou donner des avis dans le cadre de futurs chantiers, ou répondre à des demandes comme pour les fédérations de pêche et de chasse. Nous observons par exemple les castors depuis vingt-cinq ans.
Uniquement sur la rivière Allier ?
Non, sur tous les cours d'eau car, aujourd'hui, il les a tous colonisés, sauf en Montagne bourbonnaise à cause de l'altitude. On trouve en revanche la loutre à cette altitude, et elle aussi recolonise doucement. Le blaireau également, dont la population est stable, on le surveille pour savoir si on peut ou non préconiser d'en prélever dans le cadre du Conseil de la chasse et de la faune sauvage.
Des espèces sont-elles en voie de disparition ?
Nous observons le faucon pélerin, dans le cadre d'une convention régionale avec la LPO, depuis quatre ans. Nous surveillons les oisillons afin de savoir quel pourcentage prend l'envol et devient adulte. Il y a un ou deux nids dans l'Allier par an, cette espèce est très rare.
Sinon, on peut avoir des craintes pour la cistude d'Europe. Cette tortue se trouve surtout sur la moitié nord de l'Allier, sur les étangs et mares de la Sologne. Le drainage, la pollution et la disparition progressive des biefs entre ces plans d'eau menacent son habitat. On a assez d'éléments pour justifier la mise en place d'un plan de sauvegarde. Cette année, nous lançons aussi une étude sur le chat forestier en Montagne bourbonnaise. On croit qu'il existe, mais on ne sait pas combien d'individus, où, dans quel état?
Les utilisateurs de véhicules à moteur dans les chemins se plaignent souvent de règles trop restrictives?
C'est le gros problème du moment, nous avons beaucoup de plaintes de particuliers et de maires. 4x4, motos, quads, on en voit partout pénétrer dans des espaces naturels protégés, en Montagne Bourbonnaise, dans les gorges de la Sioule et sur les bords de l'Allier. Nous sommes là pour faire respecter la loi et ils la connaissent très bien. D'ailleurs, pour les interpeller, nous sommes aussi prudents que quand on tombe sur un braconnier avec son fusil dans le véhicule. Tous disent vouloir profiter de la nature, mais on ne peut pas profiter de la nature sans la protéger.
L'Allier reste-t-il tout de même un département préservé ?
Même s'il y a quelques risques, oui. Il a encore un côté sauvage et riche en biodiversité, grâce, en particulier à la rivière Allier. Le département reste le deuxième en France, derrière la Camargue, pour le nombre d'espèces d'oiseaux qui nichent le long de la rivière. Deux cent trente espèces, dix seulement de moins que la Camargue. Et on en voit encore de nouvelle, comme le guêpier qui se cantonnait pourtant au milieu méditerranéen jusqu'à il y a dix ans.
Source:
http://www.lamontagne.fr/editions_locales/moulins/proteger_la_nature_pour_en_profiter@CARGNjFdJSsBEx8EABo-.html