Bois-de-Saraguay: un levier écologique… et économiqueDes citoyens en faveur de l'aménagement de sentiers au Bois-de-Saraguay sont dans l'attente d'une seconde rencontre avec la direction des Grands parcs de la Ville de Montréal à propos d'un concept de projet de mise en valeur de cette forêt naturelle.
La forêt naturelle du Bois-de-Saraguay, méconnue, pourrait devenir un moteur économique pour Cartierville si elle était accessible au public. Il s'agit d'un des avantages soulevés lors d'un café-rencontre sur l'aménagement de ce parc-nature situé à l'extrême ouest du quartier, sur le boulevard Gouin.
Le 27 mars, le Comité de citoyens pour la mise en valeur du Bois-de-Saraguay a tenu une rencontre sur le sujet. L'objectif était d'échanger sur les enjeux liés à l'aménagement de ce boisé.
Pour Fabrice Kamion, membre du comité, en plus de la protection, l'enjeu de ce dossier concerne aussi la vie économique peu foisonnante d'un secteur de Cartierville. «Si on prend juste l'exemple du mont Royal, en allant visiter le parc, les gens vont dans les commerces et animent en quelque sorte ce quartier. Il pourrait en être de même ici, a-t-il indiqué. Je crois aussi qu'il faut montrer cette forêt aux jeunes qui fréquentent nos écoles. Si on ne sensibilise personne, qui va le protéger, demain, ce boisé?»
Certaines des personnes présentes ont fait part de leurs questionnements. «La forêt ne va-t-elle pas perdre de sa valeur si on la rend accessible au public?», a demandé une citoyenne.
Pas selon le biologiste Sébastien St-Hilaire, du Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement. «Si on prend par exemple le Bois-de-Liesse, il est bien conservé. Les sous-bois ne sont pas dégradés. On constate que son ouverture n'a pas eu d'impact majeur sur le milieu naturel parce qu'il y a des patrouilleurs qui passent dans les sentiers plusieurs fois par jour, a-t-il mentionné. C'est sûr que si on ouvre le Bois-de-Saraguay au public, il faut s'assurer qu'il y ait une patrouille en action dans les sentiers. La problématique de cueillette de plantes de sous-bois est pire à Saraguay qu'au Bois-de-Liesse parce qu'il n'y a pas de surveillance.»
Démarches citoyennes
La présidente du comité, Jocelyne Leduc-Gauvin, a rappelé les démarches citoyennes en cours depuis 2009: présences au conseil municipal, dépôt d'une pétition et rencontres auprès des élus de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville.
«On voulait vous donner des nouvelles, a souligné Mme Leduc-Gauvin aux 15 personnes présentes. On a à cœur que ce dossier de mise en valeur va finir par avoir lieu.»
La responsabilité du parc relève de la ville centre. En mai 2010 plusieurs associations locales étaient convoquées par la direction des Grands parcs pour la présentation d'un concept de projet, incluant l'aménagement de sentiers. Ce projet d'environ 12 M$ inclut la restauration de la Maison Mary Dorothy Molson pour en faire un chalet d'accueil. Près de la moitié de ce montant irait à la restauration de cette maison patrimoniale qui a droit à du financement de la part du ministère de la Culture.
Une deuxième rencontre devait avoir lieu en septembre dernier, mais elle n'a pas été tenue. Le comité de citoyens aimerait bien voir le dossier avancer.
La Ville évalue le projet
À la Ville de Montréal, on indique que le processus suit son cours. «Les projets de mise en valeur sont évalués, indique la porte-parole Valérie De Gagné. On en est à évaluer l'ensemble des éléments historiques, naturels, archéologiques et patrimoniaux que présente le Bois-de-Saraguay. Et on pourra déterminer la faisabilité des coûts de restauration du manoir et du site.»
Milieu exceptionnel
Pour le biologiste Sébastien St-Hilaire, le Bois-de-Saraguay est un milieu exceptionnel où on retrouve, dans un espace de moins de 100 hectares, presque toutes les espèces présentes dans le sud du Québec. On parle de marais, de marécages, d'un sanctuaire d'oiseaux et de tortues, et d'une mosaïque de peuplement d'arbres. «Ce qui m'a le plus impressionné est la densité des plantes de sous-bois. Toutes les espèces indiquées dans un guide du milieu forestier au Québec sont là. On peut les voir en 30 minutes. Il y a même des espèces menacées comme la grenouille des marais qui sont présentes à Saraguay.»Source:
http://www.courrierbc.com/Actualites/Dossier-Bois-de-Saraguay/2011-03-30/article-2380462/Bois-de-Saraguay%3A-un-levier-ecologique%26hellip%3B-et-economique/1