philippe37
Age : 58 Date de naissance : 26/12/1965 Messages : 143 Date d'inscription : 23/05/2012 Localisation : Touraine
| Sujet: Mayotte : procès du trafic de tortues protégées Jeu 6 Déc 2012 - 5:29 | |
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- Pastichant La Fontaine, elles n’ont pas couru et sont malgré tout arrivées à point à Mayotte les tortues malgaches… Sauf qu’il s’agissait d’une espèce protégée dont la vente avait induit la mise en examen de 4 personnes, dont deux spécialistes reconnus. Le jugement était attendu.
Ce 5 décembre s’ouvrait au tribunal de Mamoudzou le procès d’un présumé trafic de tortues à Soc, « espèce rare puisqu’il n’en existe plus que 300 dans le monde » indiquera Jean-Pierre Rieux qui présidait l’audience. En 2006, l’Office national de la Chasse et de la faune sauvage apprend qu’un monsieur Pascal Jan détient 10 tortues à Soc, dont 6 juvéniles, espèce protégée par la convention de Washington « en raison de son risque majeur de disparition », Jean-Pierre Rieux énonçait le déroulé des faits.
Ces tortues cantonnées sur 500 hectares au nord-ouest de Madagascar au niveau de la baie de Baly, ne peuvent sortir du territoire malgache que dans un but exclusivement scientifique, et lorsqu’elles circulent « c’est souvent dans le cadre d’un trafic où elles se revendent à des prix exorbitant ». La caution scientifique, c’est Roger Bour, maître de conférence au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, qui va l’apporter. Cette sommité européenne de la tortue, selon l’avis de toutes les parties présentes à l’audience, a publié de nombreuses études dont notamment un parallèle entre le nombre d’habitants et la disparition des tortues de terre sur l’île Bourbon.
C’est Philippe Magnan qui le sollicite. Gérant de ce qui est présenté comme le plus grand parc de tortues d'Europe, avec ses 3.000 spécimens de 170 espèces différentes, c’est lui qui est au cœur de l’importation des 10 tortues à Mayotte pour ensuite les réexporter vers la Corse. Pascal Jan se charge, moyennant finance de les expédier « dans des sacs par bateau », et Nicolas Delattre, un passionné de cette espèce de reptile, de les réceptionner en métropole.
Les quatre hommes avaient été mis en examen. Car il s’avère que le scientifique Roger Bour est membre de l’association de Philippe Magnan, « il y a donc conflit d’intérêt de donner caution scientifique dans une affaire dont on est partie prenante » soulignera Jean-Pierre Rieux qui rajoute que Roger Bour n’est en outre pas en charge de cette partie au Muséum d’Histoire Naturelle.
Des puces sur les tortues
Mais il va être blanchi… par la vice-procureur Hélène Bigot : « je ne vois pas en quoi la rédaction d’un avis scientifique écrit en son nom propre peut être un faux ! ». Pour elle, il y a par contre délit d’importation caractérisé pour Messieurs Magnan et Jan, alors que le premier a des doutes sur la provenance mais n’arrête pas le processus, « il inscrit sur le document certificateur des numéros d’animaux non encore « pucés » !!! C’est un peu comme le conducteur qui achète une voiture avant de passer le permis ! » accuse Hélène Bigot.
Un seul s’est déplacé jusqu’à Mayotte, Nicolas Delattre, ce sera souligné et on ne répètera jamais assez l’importance de venir se défendre à la barre, car c’est « sa réaction de passionné» là encore soulignée par Hélène Bigot, qui lui vaudra peut être la relaxe malgré les 2.500 euros déboursés « pour les frais de transport » dira-t-il, « c’est habituellement 10€ le kilos… un peu cher pour des juvéniles » rétorque le juge Rieux qui le soupçonne d’en être ainsi le propriétaire. Ce que réfute son avocat, Me Christophe Hareng, barreau de Béthune, qui indiquait qu’un zoo de Loire avait fait venir des pandas de Chine en déboursant 70.000 euros par an : « mon client est un passionné des tortues mais pas à n’importe quel prix, ni pour l’animal, ni financier ».
Pour Sylvie Sevin qui défend France Nature environnement, il y a bien commercialisation de tortues et non à des fins scientifiques, en signalant que certains aient pu être floués par d’autres.
C’est finalement ce qui transparaît dans ce dossier où, en l’occurrence Roger Bour et Nicolas Delattre semblent avoir eu une confiance aveugle dans Philippe Magnan qui lui-même n’a pas été très scrupuleux sur les méthodes de Pascal Jan. Pour ces deux derniers, la vice-procureur requerra de la prison avec sursis : « pour faire passer un message sévère à quiconque commet une atteinte à l’environnement ».
Me Hessler indique que son client Pascal Jan fut le seul à reconnaître les faits, « il a rédigé une fausse facture aux ordres de Magnan. C’est son bras armé ! ». On pouvait s’attendre à ce que l’avocat de Philippe Magnan charge de même Pascal Jan, mais Me Saïdal, nouveau bâtonnier, n’a pas plaidé, arguant d’autres affaires en cours, faisant viser ses conclusions par le procureur, mais présent néanmoins à la fin de l’audience sans sa robe.
Les délibérés seront rendus le 16 janvier.
Anne Lafond Source : www.malango-actualite.frPour précision, il ne s'agit pas d'un "zoo de Loire" mais du Loir-et-Cher... | |
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