Le trafic d’espèces protégées n’a jamais été aussi importantL’achat d’espèces animales rares ou exotiques est théoriquement interdit. A Singapour, 1 511 animaux introduits illégalement ont toutefois été interceptés par les douanes l’an passé
Des Serpents, des tigres, des tortues, des oiseaux et parfois même des singes… Les contrebandiers font montre d’une inhumanité déconcertante. Attirés par l’appât du gain, peu leur chaut que certaines espèces soient protégées parce que menacées d’extinction. Les animaux exotiques sont depuis quelques années le nouvel eldorado des trafiquants de chair animale, particulièrement en Asie du Sud. En Thaïlande, ce commerce est même devenu la deuxième pratique illégale la plus lucrative derrière la vente de drogue.
La liste des contrebandiers appréhendés à l’aéroport international de Bangkok (Thaïlande) n’en finit plus de s’allonger. Récemment, un homme a été arrêté avec plus de cinquante serpents dissimulés dans des paires de chaussettes… En partance pour Téhéran (Iran), l’homme a affirmé que les reptiles étaient destinés à un usage personnel, ce qui n’a pas empêché les douaniers de les saisir.
Récemment un bébé tigre a aussi été retrouvé, endormi et allongé au milieu de vêtements dans une grosse valise… Un homme au service d’un prince de Dubaï (Emirats Arabes Unis) a quant à lui tenté de passer entre les mailles du filet avec dans ses bagages pas moins de quatre léopards, un ours noir asiatique, un gibbon, un ouistiti et deux singes (!), tandis qu’à Singapour quelque 1 511 animaux introduits illégalement dans le pays ont été interceptés l’an passé, soit une moyenne supérieure à quatre spécimens par jour.
Les animaux transportés au Moyen-Orient sont généralement revendus à des fins domestiques. Le commerce de l’Asie orientale répond cependant à une demande bien différente. Ces animaux exotiques dont certains organes se sont vus attribuer des vertus médicinales terminent en effet le plus souvent dans les assiettes. Peu ragoûtant de prime abord, le pénis de tigre par exemple serait efficace pour allonger l’espérance de vie du consommateur mais aussi améliorer sa virilité. Revendu près de 1 000 dollars (690 euros) pièce, il est une explication parmi d’autres à la dramatique diminution des stocks de l’espèce.
Face à un tel trafic, les autorités ont du mal à s’imposer et les peines, souvent de courte durée, ne démotivent en rien les contrebandiers, qui une fois dehors reprennent leur trafic. Une ressortissante malgache qui avait tenté de faire passer des caméléons, des tortues et des serpents à l’aéroport de Kuala Lumpur (Malaisie) n’a passé que dix mois en prison. Connu et redouté des services de protection des animaux, le contrebandier Anson Wong aura quant à lui passé près de soixante et onze mois derrière les barreaux et payé près de 60 000 dollars (41 500 euros) d’amende. Il en aurait cependant fallu davantage pour l’empêcher de poursuivre ses pratiques, de s’allier à d’autres passeurs et même d’ouvrir des zoos.
La lutte contre la contrebande d’animaux, que l’on peut aisément lier au braconnage, pâtit donc d’une législation trop clémente et d’une application difficile des lois de protection de la faune. Les trafics de grande ampleur sont rarement démantelés.
Mobilisé tout au long de l’année sur ce terrain, le WWF (Fonds mondial pour la nature) a tout de même récemment obtenu le durcissement des peines pour l’abattage illégal d’animaux en Malaisie. Il devra néanmoins gagner beaucoup d’autres batailles avant de remporter cette guerre à laquelle prend désormais part le crime organisé.
Source:
http://www.zegreenweb.com/sinformer/le-trafic-despeces-protegees-na-jamais-ete-aussi-important,32788