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Une quarantaine de tortues d’une espèce en voie de disparition ont été dérobées. Peut-être pour le bonheur de collectionneurs fortunés.
Elles ne vivent plus à l’état sauvage que dans un maigre triangle entre Hyères, Fréjus et Draguignan, dans le Var. Les tortues d’Hermann sont menacées, et par conséquent protégées par la convention de Washington de 1973 sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction. L’un de leurs sanctuaires vient d’être violé : il y a une semaine, un ou plusieurs individus sont entrés par effraction dans l’enceinte de la Station d’observation et de protection des tortues et de leurs milieux (Soptom) de Gonfaron, dans le Var. En levant le filet de protection de l’un des enclos, ils ont dérobé trente-neuf tortues d’Hermann. Dix mâles, dix-sept femelles et douze bébés, sur les quelque 1.200 spécimens que compte le Village des tortues.
Plusieurs milliers d’euros par spécimen
« C’est malheureux », regrette Bernard Devaux, fondateur de la Soptom, qui voit ses efforts pour protéger « l’un des reptiles les plus rares de France » mis à mal par des gens « qui veulent gagner des sous ». Car comme toute espèce animale en voie de disparition, la tortue d’Hermann est d’autant plus chère qu’elle est rare. D’autant plus que les tortues de la Soptom sont des animaux sauvages, « destinés à retourner dans leur milieu ». Rien à voir donc avec les tortues nées en captivité.
Il y a deux ans, cette association avait déjà été la cible de vols. Quatre Radiata, originaires de Madagascar, et quatorze Sulcata d’Afrique centrale avaient été volées selon le même mode opératoire. Elles n’ont jamais été retrouvées. Peut-être se trouvent-elles dans quelque collection privée de passionnés prêts à débourser plusieurs milliers d’euros pour ces raretés.
Puces électroniques
Difficile pour les enquêteurs de retrouver les voleurs. Et d’abord, de déterminer si ces vols sont le fait de pieds nickelés ou de réseaux organisés agissant sur commande. Car pour certains observateurs, le vol d’animaux exotiques est affaire de connaisseurs. Ainsi, John Hayward, coordinateur du registre britannique des vols d’animaux domestiques, déclarait-il il y a quelques années : « Le commerce illégal d’animaux exotiques s’apparente à celui de l’art et des antiquités : peu d’opérateurs, mais de vrais spécialistes. » Avec, à la clé, des filières d’écoulement précises. Exemple : au cours de l’année 2004, une quarantaine de petits singes, des tamarins et des ouistitis, disparaissent en Grande-Bretagne. D’un seul coup, les vols cessent, donnant à penser aux enquêteurs que les voleurs agissaient sur commande. Une fois celle-ci honorée, plus besoin de vols.
Peut-être est-ce la clé du mystérieux vol de quatre singes au parc zoologique de La Tête d’Or, à Lyon, Rhône. Début février, quatre cercopithèques étaient dérobés, victimes d’une attaque ciblée. Dans le mois qui a suivi, ils étaient retrouvés. L’un d’entre eux avait été retrouvé, abandonné dans un panier à linge devant une caserne de pompiers. Un signe que les voleurs n’avaient pas de débouchés pour « écouler » le bien mal acquis. Il avait été identifié grâce à la puce électronique qu’il portait sous la peau. Un moyen préconisé par de nombreux observateurs pour « tracer » les animaux volés. A défaut d’empêcher le forfait, ce moyen technologique a le mérite de permettre de repérer les animaux lorsqu’ils ont été revendus.